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Guy Aitchinson, le professeur

Né en 1968, Guy Aitchinson se définit comme un artiste de toujours. Après le lycée, au milieu des années 1980, il gagne sa vie en peignant les pochettes de disque de groupes punk-rock pour le label californien Shrapnel Records. C’est en 1989 qu’il s’initie au tatouage dans l’atelier de Bob Olson, à Chicago où il restera jusqu’en 1991. Son nouveau métier ne l’incite pas à abandonner la peinture, qu’il continue à pratiquer avec autant d’enthousiasme que le tatouage.

 

Guy Aitchinson, tatoueur de l’abstraction

En 1991, Guy Aitchinson décide de s’installer à con compte. Il ouvre le studio Guilty & Innocent Productions, un nom en accord avec son univers mental empreint de Punk-Rock, de peintures de Dali ou Lucian Freud et de références mystiques. Sa réputation commence déjà à filtrer dans les milieux autorisés, alors qu’aux Etats-Unis le tatouage est en plein boom. La force d’Aitchinson réside avant tout dans son style inimitable, fait d’abstraction et d’influences psychédéliques. Ses tatouages privilégient ainsi les formes emmêlées aux racines mythologiques, faites de couleurs éclatantes et de détails stupéfiants avec un travail très intense livré sur la texture. Spécialiste des grandes pièces, il attire très vite une clientèle éclectique et se fait approcher par des professionnels désireux d’apprendre auprès de lui. Guy Aitchinson comprend alors qu’au même titre que la peinture, le tatouage est un art dont il faut assurer la transmission. L’idée fait son chemin chez le jeune tatoueur, alors âgé d’à peine 24 ans qui décide de monter un projet de plateforme permettant cette transmission.

 

Tattoo Education

Le développement d’Internet va permettre à cette plateforme de voir le jour, aux débuts des années 2000. Depuis 12 ans, Tattoo Education propose ainsi aux jeunes tatoueurs un ensemble d’interviews, DVD, vidéos, lectures et séminaires susceptibles de les aider à améliorer leur technique. Aitchinson n’en est pas le seul contributeur : pour monter son projet et l’alimenter en contenu de qualité, il a fait appel à de nombreux tatoueurs de la scène internationale. Ce site web et les conférences associées ont donné au travail de l’artiste une visibilité sans précédent dans le monde du tatouage et ont créé une institutionnalisation relative de l’apprentissage de l’encrage. Un comble, pourrait-on dire, pour Guy Aitchinson qui affirme se méfier de l’institutionnalisation du savoir. D’où la décision de créer une plateforme assez libre où chaque visiteur est en mesure de repérer et d’acheter ce qui lui fait défaut sans logique d’enseignement global.

Tattoo Education ne représente d’ailleurs qu’une partie de la démarche de Guy Aitchinson qui s’engage en parallèle dans divers projets participant de ce même effort. Les nombreuses publications de son travail dans les magazines de tatouage, ses propres ouvrages présentant son travail ‘The Graphic Language for Tattooists’ ou ‘Special Effects for tattoists’ en sont un autre exemple. Guy Aitchinson organise également des séminaires pour les professionnels du tatouage. Il s’est d’ailleurs engagé dans la World Wide Tattoo Conference aux côtés de Bob Tyrrell, Stéphane Chaudesaigues, Alex de Pase ou Shane O’ Neill afin de donner encore plus de poids à sa démarche dans un contexte d’échanges culturels mondialisés. Guy Aitchinson le dit lui-même : la meilleure manière d’apprendre est d’aller avec toujours le même entrain à la rencontre des tatoueurs en participant aux conventions et en visitant les studios.

 

Le tatoueur s’enrichit du peintre

Le double engagement artistique de Guy Aitchinson, à la fois tatoueur et peintre, nourrit chez lui des influences positives : chacun des arts enrichit l’autre. Si Guy Aitchinson peint exclusivement de l’art abstrait, c’est par sa recherche de la représentation d’une idée dans le cadre de la toile qu’il a réussi à opérer cette symbiose à l’encrage entre le figuratif et l’abstrait. Le tatouage lui sert aussi de garde-fou pour s’émanciper des obsessions artistiques qui pourraient parfois l’empêcher d’avancer : la relation avec le client en vis-à-vis et ses attentes telles qu’il les exprime, agissent comme autant de contraintes qui poussent l’artiste à se renouveler sans cesse sans pour autant s’émanciper de son style. Il peut expérimenter dans la peinture et utiliser le résultat de ses travaux dans l’art pictural, lequel à son tour l’amène à avancer dans sa production artistique.

Un équilibre nécessaire qui a poussé Guy Aitchinson à quitter Chicago en 1998 pour s’installer à la campagne, toujours dans l’Illinois, afin de pouvoir plus facilement peindre. 

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