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Décryptage : les médias français s’emparent du tatouage

Les médias et le tatouage : une découverte médiatique ?
Les journaux sont de plus en plus nombreux à aborder le tatouage

Trois articles de fond en moins d’un mois sur le site du Monde, deux sur celui du Nouvel Observateur, deux encore sur Libération : on peut le dire, le tatouage envahit littéralement les médias. Autrefois relégué aux pages underground et à la presse spécialisée, le tatouage connaît une popularité croissante en France et, peu à peu, les médias traditionnels commencent à s’y intéresser… Tout en s’en justifiant, chiffres à l’appui : ceux de IFOP d’abord. Un début de traitement médiatique qui, s’il promet beaucoup, reste superficiel.  

 

Des conseils généralistes pour les néophytes

Les articles récents insistent en effet avant tout sur le caractère tout sauf anodin du tatouage. S’adressant à un large public, et à des fins de dédiabolisation, ils reviennent bien souvent sur les conditions d’hygiène des studios et adoptent une posture très prudente à l’égard de l’art corporel. Le ton, sans être alarmiste, garde toutes ses distances avec le milieu ; les témoignages recueillis n’abordent le sujet qu’en surface. Le tatouage y est traité comme phénomène de société qu’il convient de décrypter, d’expliquer ; jamais comme un art. 

 

Le tatouage observé de l’extérieur

Tout cela sent encore le décalage et les intervenants choisis par les journalistes sont majoritairement issus des milieux universitaires. L’art corporel ne serait-il que l’expression d’une mode ? En filigrane, le message est clair : en pleine vague médiatique autour du tatouage, les tatoueurs font figure de grands absents. En revanche, la parole est de plus en plus souvent donnée aux tatoués. Lemonde.fr se risque ainsi, à travers les témoignages d’internautes, à dresser une cartographie sociale du tatouage : forcément limité, l’exercice permet toutefois d’expliquer au plus grand nombre les motivations à l’origine de certains tatouages et de participer à l’effort général de normalisation. « Les tatoués ne sont plus des bikers », peut-on lire un peu partout. Cela fait quelques années, déjà.

 

Un début de reconnaissance

Cette timidité n’a rien de surprenant. Dans une société française en grande partie conservatrice, le changement de perception dont fait l’objet le tatouage n’implique pas sa validation implicite. S’il n’est plus diabolisé, l’art corporel reste un grand inconnu et l’intérêt croissant que les médias lui témoignent est aussi le signe d’une industrie médiatique de plus en plus rajeunie et ouverte. Si les signatures du tatouage ne recueilleront pas tout de suite les honneurs du grand public, on peut toutefois se féliciter de cette ouverture progressive à un art longtemps ignoré et dont on pressent ici la reconnaissance à venir

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