Nikko Hurtado

Inspirants, pleins de vie, éclatants de couleurs subtiles, les tatouages de Nikko Hurtado sont immédiatement reconnaissables. En à peine dix ans, ils ont fait de lui l’un des ambassadeurs les plus emblématiques du tattoo réaliste couleur,  tatoueur le plus en vue d’une nouvelle génération venue en grande partie des Etats-Unis. À l’occasion de sa venue en France au Festival International du Tatouage de Chaudes-Aigues, les 5, 6 et 7 juillet prochains, il nous semblait important de dresser le portrait de ce jeune artiste, reflet de sa génération, dont le talent n’a rien à envier à ses qualités humaines, la gentillesse et l’humilité en tête.

Les comics et le cinéma à l’origine de sa vocation

Nikko Hurtado est  né en 1981 dans la vallée de San Fernando, au cœur de la Californie. Ses parents divorcent lorsqu’il a 12 ans et le jeune Nikko, qui vit avec sa mère, est entouré de ses oncles et de son grand-père. Tous portent des tatouages qu’ils ont eux-mêmes réalisés. De ces premiers contacts avec l’art corporel, Nikko gardera un souvenir très fort. Lui aussi s’essaie à l’art, dessinant dès qu’il le peut la silhouette de Bart Simpson pour les offrir aux filles de sa classe. Son univers intérieur est nourri par la télévision, le cinéma et les comics qu’il dévore. Ils sont sa première source d’inspiration et se retrouvent dans ses dessin, toujours plus nombreux. Au collège, il s’inscrit à des cours d’art plastique optionnels qu’il complète par des séminaires au Centre d’Art de Pasadena (Californie). Son trait devient plus professionnel, mais les contingences de la vie l’amènent à laisser tomber l’école pour travailler sur des chantiers.

Premiers pas dans le tatouage

Début 2000, Nikko travaille sur les chantiers depuis deux ans lorsqu’un de ses amis lui annonce qu’il va ouvrir son studio de tattoo. Il propose à Nikko de s’y associer. C’est un véritable défi pour le jeune homme de 21 ans : s’il a suivi des cours d’art, Nikko Hurtado n’a jamais encré de sa vie ! Il accepte pourtant la proposition et se forme au studio, à Apple Valley. La technique est exigeante. D’autant que Nikko cherche dans le tatouage à exprimer les mêmes obsessions qui avaient bercé sa jeunesse. C’est à travers ses réinterprétations des personnages du cinéma, des comics et de la télévision qu’il assiéra sa réputation. Mais le réalisme couleur fait partie des tendances les plus difficiles. Alors Nikko travaille, des années durant, jusqu’à trouver son propre style. Et quel style ! Ses réalisations portent irrémédiablement sa marque, et sa capacité à réinsuffler sur la peau la magie des personnages en mouvement sur l’écran est stupéfiante. Les tatouages de Nikko Hurtado sont souvent comparés, à raison, à de la peinture en mouvement. Son secret tient à l’impressionnante palette de couleurs qu’il a su développer pour créer des textures uniques, qu’il fait varier selon l’inspiration, et à ses jeux d’ombre rarement (jamais ?) vus auparavant et qui font de ses tattoos de véritables captures du réel. Pour autant, Nikko ne se contente pas de reproduire ce qu’il voit ; il le réinterprète avec la force et l’inventivité d’un artiste d’exception.

Le succès ne se fait pas attendre. En quelques années, Nikko Hurtado se fait un nom et le studio d’Apple Valley croule sous les demandes. Les réalisations de Nikko sont distinguées par de nombreux prix dans les conventions de tatouage, auquel le jeune tatoueur se rend assidument, et s’étalent en une des magazines les plus prestigieux, aux USA, mais aussi en Europe où il commence à se faire connaître.

Le succès ne monte pour autant pas à la tête de Nikko Hurtado qui continue à travailler âprement pour toujours s’améliorer. En 2010, il ouvre son propre studio, Black Anchor Collective, à Hesperia, dans cette Californie hantée par le cinéma et les grands espaces. Père de trois enfants, un garçon et deux filles, il continue à tatouer tous les jours, mais également à peindre et à prendre des photographies, qu’il expose dans son salon, aux côtés de travaux d’autres tatoueurs renommés, comme Joe Capobianco, Alex Garcia ou Carlos Rojas. En plus des artistes résidents (dont Carlos Torres), le Black Anchor fait la part belle aux guests venus du monde entiers et sélectionnés par Nikko lui-même. Véritable lieu d’art, le studio, situé entre Los Angeles et Las Vegas, serait presque un lieu de pèlerinage pour les passionnés de tatouage.

Transmettre ce que l’on a appris

Plutôt que de jouir jalousement de son succès, Nikko a ainsi décidé de mettre son savoir-faire au service des autres. Il a publié plusieurs DVD, dont « Tatouer des portraits avec Nikko Hurtado », qui explore et donne à voir sa technique unique, étape par étape. Destiné aux jeunes tatoueurs et à tous ceux qui chercheraient à découvrir les secrets d’un maître du tatouage, le DVD est en vente sur son site. Toujours disposé à participer aux projets de ses pairs, il s’est aussi engagé, de l’autre côté de l’Atlantique, dans l’aventure Tatouage et Partage, initiée par le tatoueur réaliste français, son ami Stéphane Chaudesaigues. Il a ainsi dispensé plusieurs séminaires en France à destination des tatoueurs, et n’hésite pas à venir faire des guests à La Bête Humaine, l’atelier parisien de Stéphane.

Nikko Hurtado sera donc également présent au grand rendez-vous français de l’année 2013, le Festival International du Tatouage de Chaudes-Aigues, les 5, 6 et 7 juillet prochains en compagnie d’autres artistes de renom (Bob Tyrrell, Boris, Joe Capobianco, Jeff Gogue, Shane O’Neill, Alex de Pase, etc.). L’occasion pour tous de repartir de la convention avec un tatouage exceptionnel de Nikko Hurtado, à condition de réserver sur le site de l’événement : les créneaux sont presque tous déjà pris.