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Tatoueur artiste, tatoueur artisan : en 2016, où en est-on ?
Alors que les professionnels du tattoo redoublent d’arguments pour convaincre l’autre parti, les médias semblaient avoir mis de côté le sujet… jusqu’à une belle journée d’automne. Le 23 octobre 2016, la Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Najat Vallaud-Belkacem profitait d’une visite en Polynésie – terre de tattoo – pour se déclarer "enthousiaste et favorable" à la création d’un C.A.P pour les tatoueurs (certificat d'aptitude professionnelle), faisant les choux gras des médias. Résumé.
Un C.A.P pour les tatoueurs : bon sens ou ineptie ?
Car si certains ont vu dans les propos de la ministre une menace pour toute une profession, d’autres, à l’inverse, y ont perçu un intérêt croissant porté par les autorités du pays pour un secteur qui souffre encore d’un manque de reconnaissance. Dans une tribune assassine, le SNAT qualifiait les paroles de Najat Vallaud-Belkacem "d’ineptie".
Tatouage & Partage dit oui à une formation diplômante
Tatouage & Partage a, de son côté, également réagi peu après la sortie de la ministre. Si l’association est elle aussi contre un C.A.P pour les tatoueurs, certificat qu’elle juge peu adapté au secteur du tattoo, elle s’est toutefois félicitée que Najat Vallaud-Belkacem évoque l’idée d’une formation diplômante pour les acteurs du tattoo. Pour son président Stéphane Chaudesaigues, une formation diplômante permettrait de mieux sélectionner parmi les tatoueurs arrivant chaque année sur le marché du travail, pour l’instant forts d’une formation à l’hygiène passée en une vingtaine d’heures… et guère d’autres justificatifs.
Pourquoi le SNAT et Tatouage & Partage souhaitent respectivement un statut d’artiste et d’artisan d’art
Derrière cette passe d’armes se cache un autre terrain d’opposition : celui du statut du tatoueur. Pour le SNAT, tous les tatoueurs de France doivent obtenir le statut d’artiste – et, par la même occasion, bénéficier d’un taux de TVA réduit et cotiser à la Maison des Artistes. Pour Tatouage & Partage, au contraire, le statut le mieux adapté à tous les tatoueurs de France est celui d’artisan d’art. "Un tatoueur qui répond à une commande en encrant un signe de l’infini ou une étoile doit-il appartenir à la même catégorie qu’un tatoueur réalisant toute une composition artistique créée par ses soins ?", interroge l’association. Dans une tribune publiée récemment, son président expliquait :
"Il est peut-être temps de prendre conscience que tous les tatoueurs ne sont pas des artistes et qu’il n’y a rien de dévalorisant – bien au contraire – à être "simplement" un tatoueur. Je ne suis pas contre l’obtention d’un statut d’artiste pour certains tatoueurs : je suis contre l’obtention d’un statut d’artiste pour tous les tatoueurs. Pour moi, la solution reste l’artisanat d’art dans lequel toute la profession peut se retrouver sous une même bannière qui permettrait à tous de s’exprimer soit de façon classique, soit de façon plus créative."
Alors, tous les tatoueurs sont-ils des artistes ou, au contraire, des artisans d’art ? Chez Tatouage & Partage et au SNAT, on ne s’est pas encore accordé sur la réponse.