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Des tatouages contre les coups
Le tatouage, discret ou foisonnant, a toujours comme fin d’être dévoilé. Distraitement ou de manière ostentatoire, auprès des badauds ou seulement de son chum ou de sa go. Il est l’expression d’une partie de soi à un instant T. Il peut aussi dans certaines occasions malheureuses et particulières être l’occasion pour certaines femmes de masquer des blessures physiques infligées par des conjoints ou des membres de leur famille violents. Evguenia Zakhar, jeune tatoueuse russe, en a fait sa spécialité : des tattoos, contre les coups.
Le tatouage pour masquer ses blessures
Dans son salon d’Oufa, capitale de la république russe du Bachkortostan, Evguenia aide les femmes victimes de violences conjugales à masquer leurs blessures : « Je m’occupe de tatouages depuis dix ans. La vie de tatoueur est joyeuse, on fait souvent la fête et on ne s’encombre pas de soucis, raconte Evguenia. Mais un jour je suis tombée sur un article consacré à Flavia Carvalho, une Brésilienne qui réalise des tatouages pour camoufler les traces de coups. Ça m’a emballée »*. En Russie, ce sont près 36 000 femmes qui sont battues tous les jours par leurs conjoints. Parmi elles, plus de 14 000 sont tuées chaque année par un membre de la famille.
Une « thérapie » par le tatouage
Inspirée par la tatoueuse brésilienne, Flavia Carvalho, qui recouvre les cicatrices des femmes battues, Evguenia ouvre son salon gratuitement tous les lundis pour embellir une réalité bien triste mais aussi pour panser les plaies psychologiques de celles qui franchissent le seuil de sa porte, « Tu nous as fait mal pendant deux heures afin qu’on puisse oublier la douleur qu’on a endurée pendant des années »*, témoignent-elles. A terme, la tatoueuse aimerait parcourir la Russie à moto avec son conjoint et proposer ses services dans d’autres régions. Une initiative militante et courageuse...
* Tous propos recueillis sur le site de rbth