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Vyvyn Lazonga, icône du tatouage

Vyvin Lazonga
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Depuis plus de trente ans, Vyvyn Lazonga travaille comme tatoueuse. Première professionnelle à s’être totalement affranchie de l’influence masculine, elle a été un modèle pour de nombreux tatoueurs et tatoueuses qui ont reconnu dans son travail un style unique et créatif qui repousse les limites de l’art corporel. Depuis plusieurs années, elle s’est spécialisée dans le tatouage recouvrant à destination des femmes ayant subi une mastectomie. Un engagement fort qui en dit long sur la personnalité de cette tatoueuse hors du commun dont le parcours atypique et inspirant mérite qu’on s’y attarde.

 

Aux origines d’une icône

Ses premières années, Berverly Bean, qui n’est pas encore devenue Vyvyn Lazonga, les passe à Seattle, dans les années 60. Dès l’âge de deux ans, elle se tourne à sa manière vers l’art : un crayon dans la main, elle est inarrêtable. À trois ans, elle est inquiétée par l’administration scolaire pour avoir recouvert murs et meubles de gribouillis et de dessins. Son intérêt pour l’art se double d’un autre, en formation, pour la contreculture. Seattle, au milieu des années 60, commence à connaître les mouvements de libération politiques et féministes venus de la côte Est et de Californie. Au début des années 70, ces deux passions se rejoignent, lorsque Berverly découvre le tatouage à travers un article paru dans la presse masculine. L’art corporel ne dispose pas encore de magazines dédiés et il est alors très rare d’entendre parler du tatouage, encore moins dans ses formes artistiques. Les quelques tatoueurs qui cherchent à se faire connaître publient leurs travaux dans des magazines masculins. Beverly tombe donc par hasard sur les œuvres de Cliff Raven et un déclic se produit dans sa tête.

Au même instant, C.J. Danny Danzl, un ancien marin rescapé de la Seconde Guerre Mondiale, ouvre le premier studio de tatouage de Seattle. Beverly n’a pas froid aux yeux : elle court immédiatement au studio et offre ses services comme aide à tout faire pour les affaires courantes. Danzl accepte la proposition et met ainsi le pied à l’étriller à la future Vyvyn, qui se familiarise avec le métier. La découverte des œuvres de Cliff Raven la travaille : elle admire à la fois la qualité graphique des pièces et saisit la dimension presque mystique du tatouage, qu’elle conçoit alors comme un "talisman porté à même la peau jusqu’à sa mort : une manière très puissante de s’affirmer". Durant 7 ans, Beverly apprend le métier auprès de Danny Danzl et décide finalement d’installer son propre studio en banlieue de Seattle. Par superstition, elle change son nom et devient Vyvyn Lazonga.

 

L’une des premières tatoueuses du monde

Quand elle se lance dans le tatouage, Vyvyn Lazonga fait partie des très rares femmes tatouées et tatoueuses du monde. À l’ouverture de son propre studio, en 1979, les tatoueuses se comptaient sur les doigts d’une main aux Etats-Unis. Le plus difficile consiste peut-être à se faire accepter par ses pairs. Une des raisons qui pousse Beverly à déménager vers San Francisco, alors considérée comme la capitale internationale de la contre-culture. Elle décrit cette période comme une sorte de « retour à l’école », au cours de laquelle elle se familiarise avec la culture de la rue ainsi qu’avec les coutumes de la communauté hispanique, très présente. Assez vite, Vyvyn, acquiert sa propre clientèle et établit de solides contacts avec les tatoueurs de Frisco, dont l’immense Ed Hardy, mais également avc Henry Goldfield, Bill Salmon, Lyle Tuttle ou Erno. Les tatoueurs se réunissent de manière informelle lors de fêtes mythiques où se croisent Kurinomo et les meilleurs tatoueurs de l’époque. Autant d’influence qui font évoluer la patte de Vyvyn, dont la technique, orientée old school, new school et japonais, séduit par ses couleurs pastel et le mélange d’abstraction et de figuration qui caractérise ses pièces.

Son travail est inspirant pour beaucoup de tatoueuses qui louent notamment son penchant pour les grandes pièces lequel permet aux femmes de s’affranchir du joli petit cœur, des fleurs ou de la licorne comme seuls tatouages féminins acceptables et acceptés.

 

Tatouage réparateur après mastectomie

En 1989, Vyvyn, revient à Seattle. En cause : le terrible tremblement de terre de 1989 qui a saccagé son studio. Elle établit son shop sur Pike Place Market, dans le centre historique de la ville, à quelques mètres de son tout premier studio. Sa renommée lui permet de visiter régulièrement les conventions et d’être reconnue par la nouvelle génération d’artistes comme une pionnière très importante. Elle reçoit d’ailleurs un prix de la part de la National Tattoo Association en 2005.

Parallèlement, elle se fait la porte-parole avec l’autre tatoueuse Madame Chinchilla du tatouage réparateur après mastectomie, pour recouvrir les cicatrices. Une action qui lui vaut une nouvelle clientèle et qui permet aussi de donner à voir une autre facette de l’art corporel à rebours des clichés qui lui sont généralement associés. Une clientèle qui l’a poussée à ouvrir un plus grand studio, sous le nom de Madame Lazonga, toujours sur Pike Place. Elle s’y est entourée de prodigieux artistes. Son expérience lui permet d’être sollicitée par plusieurs magazines spécialisés dans le tatouage, dont Skin and Ink.

 

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