Vous êtes ici

Sport et tatouage

Cette galerie en est la preuve : il existe une vraie présence du tatouage dans le milieu sportif. Les photos de sportifs tatoués que nous présentons ici nous permettent de distinguer plusieurs facettes de cette relation : affirmation de soi, virilité, mise en valeur du corps, etc.  Comment expliquer ce lien évident entre tatouage et sport ?

 

Les sportifs tatoués célèbres

David Beckham, Alain Bernard, Laure Manuadou, Dennis Rodman, Djibril Cissé, Mike Tyson, etc. : depuis le début des années 90, le nombre de tatoués notoires dans le monde du sport n’a cessé de croître. Un constat qui semble s’expliquer simplement par une logique de distinction : dans des disciplines où le corps est mis en valeur, comment se distinguer des autres et affirmer sa singularité ? Mais la raison de cet engouement pour le tatouage chez les sportifs est plus complexe et pas seulement liée au sport lui-même.  

 

Une spécificité des tatouages par discipline ?

Les disciplines sportives où l’on retrouve le plus de tatouages sont en général associées à un univers masculin : le football, les arts martiaux, le basket-ball, les sports de glisse ou la natation. Il n’en va pas de même avec la danse ou la gymnastique… La faute à un environnement sans doute moins conservateur, mais également à une différenciation dans le rapport au corps. Pour Yannick le Henaff, sociologue et auteur d’un ouvrage « Tatouages et cicatrices : décors sportifs », on peut trouver des iconographies différentes en fonction des sports pratiqués, mais cela reste du domaine de l’observation et non de la règle.

Ainsi, les sports de glisse sont-ils souvent associés à l’imagerie tribale et polynésienne, tandis que dans les arts martiaux en général, les tatouages guerriers, représentant des lions, des combats ou des signes de violence sont davantage présents. Pour autant, il n’y a pas de systématisme : le célèbre requin d’Alain Bernard n’a pas selon son porteur de lien direct avec la pratique de la natation et le papillon de Laure Manaudou n’a pas un sens exclusivement sportif. En revanche, ils en disent long sur leur porteur.

 

Comment expliquer cette présence du tatouage dans le sport ?

Cette question du lien entre tatouage et sport est moins simple qu’elle ne le paraît et admet plusieurs hypothèses, trois au moins :

 

1.    une volonté de différenciation par un petit plus corporel, et donc une décision narcissique,

2.    l’encrage d’une imagerie compétitive propre au sport de haut niveau,

3.    la volonté de s’affirmer en dehors de son image publique.

 

La première raison s’entend d’elle-même : dans des disciplines où le corps est mis en avant et soumis à un contrôle permanent, les physiques s’harmonisent. Pour sortir du lot, la logique veut donc que l’on se fabrique une identité corporelle en dehors du corps lui-même. Le tatouage, dans le sport, devient alors une solution évidente.

 

Le deuxième raison se vérifie souvent : un grand nombre de tatouage de sportifs sont directement liés à des thématiques de virilité ou de compétition. S’afficher avec une tête de lion revient donc à revendiquer son mental de compétiteur. Le tatouage s’intègre alors parfaitement dans une vie de sportif mais également dans une mentalité générale.

 

La troisième raison est plus subtile. Sportif ou non, le tatouage marque la personne qui le porte et non sa profession. Dans un milieu du sport toujours plus exposé aux médias, le port d’un tatouage permet aussi de s’affirmer soi en dehors d’une image publique. C’est d’autant plus pertinent que le tatouage d’aujourd’hui privilégie les symboliques floues et que chaque tatoué a sa propre interprétation du tatouage qu’il porte. Le tatouage ne serait donc plus lié directement à la pratique du sport mais au sportif lui-même.

 

Sport et tatouage : un lien pas si pertinent

Mais au-delà de cette grille de lecture, il faut comprendre que le lien entre tatouage et monde du sport n’est pas explicite. Il est simplement le reflet médiatisé d’une tendance générale de la société qui accepte de plus en plus le tatouage dans ses rangs. Les sportifs n’ont pas été les déclencheurs de cette accélération ; ils l’ont prise en cours de route. Mais leur exposition médiatique permet de lui redonner une nouvelle ampleur.