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Les dangers supposés du tatouage

Dangereux le tatouage ?

Les dermatologues semblent le découvrir : le tatouage n’est pas une pratique anodine. Profitant de la véritable déferlante médiatique qui s’est emparée du tatouage et à l’occasion du Mondial de Paris prévu pour mars prochain, le syndicat des dermatologues s’est ainsi fendu d’un communiqué alarmiste intitulé « Tatouage=danger » sans d’ailleurs prendre le temps de consulter les premiers intéressés : les tatoueurs. Si l’on ne peut bien sûr que souscrire aux exigences sanitaires rappelées à cette occasion (chose que le SNAT défend depuis sa création), il y a dans le fond de cette attaque un regard moraliste que nous nous voyons obligés de dénoncer dans ces lignes. Le SNAT a d’ailleurs publié un contre-communiqué que nous relayons en fin d’article.

 

Des produits supposément cancérigènes

L’argument principal du Syndicat des dermatologues tient à ce que certains composants des encres de tatouage seraient cancérigènes. Métaux et hydrocarbures se voient ainsi pointés du doigt par les médecins qui dénoncent leurs effets nocifs alors même qu’aucune étude n’a jamais établi de lien d’aucune sorte entre tatouage et cancer ! Ces produits, présents en quantités infinitésimales dans les encres, le sont par ailleurs dans des produits de grande consommation… Que conclure d’un communiqué qui fait passer au second plan de ses préoccupations les risques allergiques, bien plus courants quoique pourtant déjà rarissimes ?

 

Confusion des genres

En terminant son communiqué par une alerte sur les tatouages temporaires, le syndicat de dermatologues donne qui plus est dans le mélange des genres puisque les produits utilisés pour les tatouages permanents et temporaires diffèrent radicalement. Cela fait plusieurs années que l’on connaît les risques liés au tatouage au henné, liés à la présence dans l’encre utilisée de paraphenylènediamine. Cet amalgame est bien le signe que le syndicat n’a pas pris la peine de contacter les personnels (tatoueurs et médecins spécialisés sur ces questions) compétents. Le docteur Nicolas Kruger, membre du groupe d’experts sur l’évaluation des risques des produits de tatouage à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, a réagi comme suit :

 

« Bien que d'accord avec certains passages de ce communiqué, je suis surpris par le caractère imprécis et les lacunes concernant les explications sur la composition des encres de tatouage et les risques carcinogènes. Ce communiqué se veut exagérément alarmiste pour le public, alors qu'à ce jour la communauté médicale dans sa très grande majorité, dermatologues inclus, reconnaît que l'association cancer de peau et tatouage est fortuite et que les données toxicologiques doivent être interprétées avec précaution. Je suis par ailleurs déçu de l'absence de volonté de concertation médecins-tatoueurs afin d'améliorer la sécurité des encres de tatouage. »

D’autant qu’à aucun moment le communiqué ne fait référence au système national de vigilance des encres de tatouage, pourtant né d’une consultation plus forte entre médecins et tatoueurs et visant à limiter les risques…

 

La popularité du tatouage dans le collimateur

Le coup de grâce est intervenu le 25/01/2013, sur Le Plus du NouvelObs. Le docteur Jacques Bazex, auteur d’un rapport sur les complexités liés à la pratique du tatouage en 2007, y livre une interprétation finalement assez peu médicale de l’art corporel. L’argumentaire fondamentalement moraliste de l’intéressé ne prêche pas pour sa cause : « Ces appareils qui piquent la peau comme pour faire du morse sont effrayants. Comment peut-on ainsi mettre en avant des activités non recommandées par le corps médical ? » s’indigne le médecin dans une tribune où il s’étonne de retrouver « Monsieur et Madame Tout le monde » dans les salons de tatouage, et met en garde les usagers contre la permanence de l’encrage dans un paragraphe intitulé « les motivations s’estompent, le tatouage reste ». Monsieur Bazex découvrirait-il tout juste l’art corporel ? N’aurait-il pas eu vent des réglementations drastiques en matière d’hygiène, de la responsabilité des tatoueurs adhérents du SNAT, du libre arbitre de chacun ? Les chiffres publiés l’an dernier par l’INSEE (10% des français seraient tatoués) semblent en tous cas alarmer davantage les médecins que le public. Un conservatisme déguisé sous une rhétorique médicale, mais pas seulement : dans leur communiqué, les dermatologues invitent les candidats au tatouage à les consulter avant de prendre leur décision… Mesure de précaution ou volonté de récupérer une clientèle de plus en plus nombreuse ? En tout état de cause, on ne pourra que s’étonner d’un tel acharnement basé sur des arguments pour le moins vagues, à l’encontre d’une pratique millénaire et dont on connaît depuis longtemps, et des deux côtés du dermographe, les implications.

 

Retrouvez ici le communiqué du SNAT

"Tatouages = danger"

Un titre inquiétant, une liste de produits toxiques, une accusation "cancérigène" racoleuse : C'est la recette d'un récent communiqué imprécis et trompeur du Syndicat National des Dermatologues et des Vénérologues (SNDV).

En effet, si le communiqué du Syndicat des Dermatologues présente des éléments tangibles, il se montre volontairement alarmiste en annonçant une liste de composants... Qui peuvent se trouver dans une encre - comme dans bien des aliments ou des médicaments ! - à des taux infimes... La présence de sels métalliques dans les encres de tatouage est connue depuis plus de dix ans : Seraient-ils subitement devenus dangereux ?!
Plus grave : Citer ces produits comme étant cancérigènes, alors que jamais aucun cas de cancer n'a pu établir de lien de causalité avec un tatouage.
Les réactions allergiques sont, comme le précise le communiqué, les plus fréquentes après un tatouage : Elles restent pourtant rarissimes, et les complications généralement bénignes... En revanche, le SNDV oublie de mentionner l’existence d'un système national de vigilance des encres de tatouage... Pourquoi ne pas valoriser ce système avec les tatoueurs, au lieu de "dénoncer" ainsi les "dangers du tatouage" ?

Le Dr Nicolas Kluger, dermatologue spécialiste des questions médicales sur le tatouage et le piercing, membre du groupe d'experts sur l'évaluation des risques des produits de tatouage à l'ANSM*, réagit :
"Bien que d'accord avec certains passages de ce communiqué, je suis surpris par le caractère imprécis et les lacunes concernant les explications sur la composition des encres de tatouage et les risques carcinogènes. Ce communiqué se veut exagérément alarmiste pour le public, alors qu'à ce jour la communauté médicale dans sa très grande majorité, dermatologues inclus, reconnaît que l'association cancer de peau et tatouage est fortuite et que les données toxicologiques doivent être interprétées avec précaution. Je suis par ailleurs déçu de l'absence de volonté de concertation médecins-tatoueurs afin d'améliorer la sécurité des encres de tatouage."

Il est effectivement bien dommage que le SNDV n'ait pas pris la peine de consulter un des rares médecins étudiant depuis des années un sujet qu'ils connaissent visiblement mal.
Le SNDV alerte sur les dangers liés aux tatouages... Mais n'hésite pas à conseiller aux futurs tatoués de venir les consulter avant de se faire tatouer !
Un français sur dix est tatoué** : Certains dermatologues y verraient-il autant de patients potentiels ?
Nous posons aussi la question aux médecins qui s'improvisent dans le "tatouage médical" !

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